Soldats de Carignan

         

Le Régiment de Carignan-Salières

 

Depuis 1641, la Nouvelle-France vit continuellement sous la menace iroquoise. Recevant un jour Mgr de Laval à Versailles, Louis XIV lui promet d’aider militairement la Nouvelle-France.

Un régiment de l’armée royale avait pris part à toutes les guerres de la monarchie, depuis plus de vingt ans, et s’était couvert de gloire en combattant les Turcs. C’était le Régiment de Carignan.

Le Régiment de Carignan a été levé en 1642 par Thomas-François de Savoie, prince de Carignan. Selon le dictionnaire de Jean Cournoyer (le petit Jean), Carignan était la forme française de Carignano, ville de la province de Turin en Italie.

En 1665, le roi accorde une aide importante à la défense de sa colonie et envoie 1300 soldats appartenant au Régiment de  Carignan-Salières pour mater l’Iroquois. Le 18 juin 1665, le premier contingent du Régiment de Carignan-Salières (ainsi nommé parce qu’il est commandé par le colonel Salières) débarque à Québec. Il comprend 20 compagnies composées d’un capitaine, d’un lieutenant, d’un enseigne, deux sergents, trois caporaux, cinq ansepassades et de 40  soldats. Le régiment est l’un des tous premiers régiments français à porter un uniforme. Cette armée est  sous le commandement du lieutenant-général Alexandre de Prouville de Tracy, lequel est mobilisé à Québec avec le titre de «Vice-Roi».

En 1664, douze compagnies quittent le port, soit 600 soldats sous les ordres de Monsieur de Tracy. Ils partent vers les Antilles, Guyane, Martinique, Guadeloupe. Un tiers ralliera Québec l’année suivante pour se joindre au régiment de Carignan.

Le 26 février 1664

12 compagnies quittent le port de La Rochelle en direction des Antilles :
4 Compagnies du Régiment de Navarre

4 Compagnies du Régiment de Normandie
1 Compagnie du Régiment de Chambellé
1 Compagnie du Régiment d’Orléans
1 Compagnie du Régiment du Poitou
1 Compagnie du Régiment de l’Allier
Ces compagnies vont servir dans les îles dont la Guyane, la Martinique et la Guadeloupe.

Le 25 avril 1665

Monsieur de Tracy part de la Guadeloupe pour rejoindre Québec avec 4 Compagnies sur Le Brésé :
La Cie du Régiment de Chambellé devenue La Cie La Durantaye
La Cie du Régiment d’Orléans devenue La Cie La Brisardière
La Cie du Régiment du Poitou devenue La Cie Monteil
La Cie du Régiment de l’Allier devenue La Cie Berthier
Débarquées à Gaspé, les troupes seront acheminées à Québec sur Le Cat et Le Vieux Siméon.

Le 25 avril 1665

Le régiment a traversé la France d’est en ouest au début de l’année 1665 pour se retrouver sur la côte atlantique. Vingt compagnies le composent, mais aucune n’a ses 50 hommes requis. Il faut recruter dans la région et de ce fait de nombreux soldats de ce régiment sont aunisiens et saintongeais.
Les 1 000 hommes réunis vont embarquer à La Rochelle entre le 19 avril et le 24 mai sur 5 navires. Une revue des troupes est faite dans les rues de la ville. Mille hommes, 5 navires, quel remue-ménage cela fait dans la cité. Plus de trois cents deviendront des pionniers !

LA TRAVERSÉE : LA ROCHELLE – QUÉBEC

Ports d’embarquement

Tous ces départs, engagés, militaires, volontaires font que près de 80 % des ancêtres arrivés en Nouvelle-France au XVIIe siècle, ont quitté leur pays à La Rochelle, emportant dans leur cœur, comme ultime image de leur patrie, les tours de Saint-Nicolas, de la Chaîne et de la Lanterne.

Ils sont venus s’engager et s’embarquer de toute la France, comme nous l’avons vu précédemment, notamment du fait de l’installation à La Rochelle de la Compagnie des Cent Associés puis des marchands-engagistes-armateurs.

Le XVIIIe a vu partir les pionniers d’un plus grand nombre de ports, notamment Rochefort, Bordeaux, Rouen et Nantes qui ont rejoint La Rochelle comme point de départ pour l’émigration.

 

Rochefort a pris une grande place, car le besoin de soldats s’est fait de plus en plus ressentir. Rochefort, créée en 1664, est devenue rapidement le point de départ des militaires et, notamment, des Compagnies franches de la Marine.

Bientôt, c’est la fin de la Nouvelle-France. Le pays va abandonner ses enfants partis pour elle, ils n’ont plus de soutien.

Les officiers du grand régiment ont le devoir d’initier les habitants aux tactiques militaires comme l’érection de forts en des endroits stratégiques. Ainsi, l’on construit une chaîne de fortifications pour bloquer la voie d’invasion des Iroquois le long de la rivière Richelieu : Sorel, Chambly, Contrecoeur, Verchères, etc. L’idéologie qui les anime : aller toujours plus loin.

Le Régiment de Carignan-Salières affronte successivement les Iroquois et les Hollandais de Schenectady, dans l’Etat de New York.  Il lance aussi deux expéditions guerrières en Iroquoisie. En 1666, l’armée défait les Iroquois et la paix est rétablie dans la région en 1667. Le traité qui s’ensuit reconnaît la souveraineté du roi de France et assure à la colonie 16 années de développement pacifique. Une fois cette mission accomplie, le roi souhaite qu’une partie de l’effectif demeure en Nouvelle-France pour aider la colonie. Il offre alors aux soldats de s’établir et leur concède des terres sur les berges du Saint-Laurent afin de devenir agriculteurs.

Louis XIV alloue aux officiers et aux soldats des vivres pour un an et des gratifications selon leur grade (cent livres pour les soldats et un montant un peu plus élevé pour les officiers). Plus de 400 d’entre eux acceptent de rester. Les soldats sont, pour la plupart, célibataires et en âge de se marier. L’arrivée massive des filles du roi, entre 1663 et 1673, permet de rétablir le fragile équilibre démographique de la colonie. Ces jeunes gens vont aider au peuplement de la colonie française. Ils forment une partie importante des ancêtres des Canadiens français. On retrouve leurs noms et leurs surnoms partout au Québec. Ainsi, lorsqu’un soldat entrait dans l’armée française, on lui attribuait un surnom, selon son apparence, son métier, son origine ou son caractère. C’est pourquoi on retrouve des soldats avec des noms comme Berthiaume dit Legros, Untel dit L’épicier, Un Autre dit le Parisien et bien entendu les soldats: Sanspeur, Sanschagrin et Lavictoire. François Guire avait choisi La Rose, son frère Sicaire a opté pour La Prairie.

L’arrivée du Régiment de Carignan met fin à la menace iroquoise, et les efforts de Colbert et de l’intendant Talon font passer, en quelques mois, la population québécoise de 4000 à 6300 personnes.

Bientôt de nouveaux villages apparaissent le long du Richelieu et du Saint-Laurent : Chambly, Sorel, Varennes, Verchères…

Le régiment de Carignan-Salières est l’un des premiers à porter l’uniforme dans l’armée française. Ce dernier est composé d’une tenue brune doublée de gris, couleur visible par le revers des manches formant un parement.

Des rubans chamois et noir ornent le chapeau et l’épaule droite, selon la mode du temps. Les soldats du régiment de Carignan-Salières portent tous l’épée et la plupart sont armés de mousquets, bien que deux cents d’entre eux aient des fusils.

Estampe, William Henry Bartlett, vers 1840.

Musée de la civilisation, dépôt du Séminaire de Québec, 1993.16203.

Fort Chambly

Avant d’entrer en campagne, en 1665, M. de Tracy fit élever plusieurs forts en bois sur la rivière Richelieu, qui était la principale voie de communication. L’un de ces forts fut élevé au pied du Sault de Richelieu. Il fut construit en août 1665 sous les ordres de Jacques de Chambly, capitaine du Régiment de Carignan-Salières. Le 29 octobre 1672, l’intendant Talon concédait au capitaine de Chambly « la quantité de six lieues de terre de front sur une lieue de profondeur, à prendre sur la rivière Saint-Louis, savoir : trois lieues au nord de la dite rivière et trois lieus au sud de la dite rivière ».
Le recensement de 1692 ne fournit pas de renseignement sur le nombre d’habitants de Chambly. Selon ce même recensement, la population de la Nouvelle-France est de 11 075 habitants en 1692, dont 1 570 pour Québec.

° Le capitaine Jacques de Chambly compte parmi les officiers. En 1672, il reçoit la seigneurie de Chambly en récompense de ses bons services. L’année suivante, il concède 29 terres, dont 15 à d’anciens soldats.

° Le 25 août 1672, le roi de France concède à Pierre de Saurel un domaine de deux lieues et demie de front situé de chaque côté de la rivière Richelieu, sur deux lieues de profondeur ; le territoire actuel de la ville de Tracy se trouvait alors dans ce domaine qui était celui de la Seigneurie de Sorel.

Source: Racines Rochelaises

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