Début d’une colonie – Commerce

Début d’une colonie

Occupation de la Nouvelle-France

Par leurs alliances avec les Montagnais, les Hurons et les Algonquins, les Français s’opposent aux Iroquois, alliés des Hollandais et des Anglais.

Les autorités souhaitent que la population se concentre dans la vallée du Saint-Laurent, mais le contexte ne s’y prête pas.  La nécessité d’explorer le territoire et de préserver le commerce des fourrures de la concurrence hollandaise et britannique, en établissant des postes de traite toujours de plus en plus loin, pousse les Français à s’éparpiller.

Explorateurs, missionnaires et voyageurs suivent leurs alliés amérindiens jusqu’aux Grands Lacs.  Très tôt, missions, postes de traite et forts jalonnent les principales vies d’eau.  La défense repose toutefois davantage sur les liens avec les Amérindiens que sur de dérisoires palissades.  L’affrontement avec les Iroquois atteint un somment en 1665, lorsque 1400 soldats du régiment de Carignan-Salières imposent une paix qui favorisera le peuplement de la vallée du Saint-Laurent.

Commerçants

Quelle que soit leur classe sociale, tous les habitants de la Nouvelle-France participent aux échanges et désirent s’enrichir.

Dès 1600, la traite des fourrures domine le commerce de la Nouvelle-France.  Un siècle plus tard, elle fait la fortune des marchands, des fonctionnaires coloniaux et même des militaires en garnison dans les forts éloignés.

Des fils d’agriculteurs et de commerçants obtiennent la permission du gouverneur de Nouvelle-France pour aller troquer des fourrures avec les Amérindiens en échange de diverses marchandises importées.  Ils se rendent au-delà de la région des Grands Lacs, à des postes de traite, leurs canots remplis de haches, de couteaux, de chaudrons en cuivre, de couvertures ainsi que de provisions de vin et d’eau-de-vie.

Pendant tout l’été, ils travaillent du matin jusqu’au soir.  Ils lèvent le camp, pagaient sur les rivières et les lacs, portagent pour contourner les rapides et installent leur campement à la tombée du jour.  Ils se nourrissent surtout de poisson, de gibier, de maïs et se désaltèrent de vin et d’eau-de-vie.

Au XVIIIe siècle, Montréal est devenu le contre commercial de la colonie.  On expédie en France surtout des peaux de castor, de loutre, de martre, de chevreuil et d’orignal.  Certaines années, les fourrures représentent la presque totalité de la valeur des exportations.  Elles attirent de nombreux jeunes hommes en pays amérindien.

Toutefois, c’est l’agriculture qui fait vivre seigneurs et habitants.  Ils se font souvent marchands de grains, de légumes ou de bois.  Ils viennent en ville, au marché, pour acheter et vendre.  Certains approvisionnent même les négociants et les navires en partance pour Louisbourg, les Antilles et la France.

Depuis plusieurs siècles, des réseaux d’échanges amérindiens permettent la circulation des objets de troc à travers le continent. Les Amérindiens se procurent d’abord des articles utiles.  La marchandise de traite est composée d’environ 60% de textiles, 25% d’armes et d’outils, 6% d’alcool, 3% de bijoux et de 2% de tabac.

Le commerce des fourrures  ne peut exister sans les Amérindiens qui imposent leurs méthodes de traite et leurs exigences commerciales aux Européens.  Fumer le calumet et échanger des wampums avant d’effectuer un échange est  une tradition amérindienne précédant l’arrivée des Européens.  Ces derniers doivent s’y soumettre s’ils désirent faire la traite des fourrures.

Dès l’arrivée des Européens, des marchandises de traite parviennent jusqu’au cœur de l’Amérique.  Interprètes et missionnaires devancent les marchands qui vont à la rencontre des Amérindiens à l’embouchure des grandes rivières.

Les Radisson, La Salle et La Vérendrye repoussent les frontières.  Des alliances sont conclues avec les nations amérindiennes et des postes de traite sont construits toujours plus loin.  On y échange des fourrures contre des objets manufacturés et de l’eau-de-vie.

Les marchandises suivent généralement un circuit annuel de commerce triangulaire.  Au début de l’été, les navires chargés de vivres et de produits manufacturés quittent la France.  Ils laissent leur cargaison à Québec ou à Louisbourg, où ils achètent morue et produits canadiens.  En novembre, ils se dirigent vers les Antilles pour y vendre leur cargaison et achètent sucre, café et rhum.  Au printemps, ils s’en retournent en France.

Les navires de Québec suivent un circuit similaire.  Ils naviguent vers Louisbourg pour y prendre de la morue et font voile ensuite vers les Antilles.  Là, ils s’approvisionnent en produits des îles destinés aux marchés du Canada ou de la France.

Premières industries rurales

Au XVIIIe siècle, l’intendant Hocquart, dont on voit le portrait, tente de tirer profit des forêts et des gisements de fer.  Malgré une politique royale qui décourage les initiatives industrielles coloniales.  Hocquart stimule la construction navale et les forges.  La menace de guerre incite les dirigeants à fabriquer des navires, des canons et des boulets.  Des particuliers créent de petites industries d’appoint, notamment pour l’approvisionnement en bois, en goudron en chanvre, en cordages et en clous.

On manque toutefois d’ouvriers spécialisés et il faut en faire venir de France. Les besoins en main-d’œuvre spécialisée sont tels que les autorités modifient les exigences des corporations françaises de métier pour accéder à la maîtrise.

On refuse les métiers qui ne sont pas immédiatement utiles à la construction du pays; on incite les jeunes à l’apprentissage d’un métier en le rémunérant; on permet, enfin, à tout artisan qui a travaillé pendant six ans au pays d’ouvrir sa propre boutique.  L’hiver pose également des problèmes : il a des effets dévastateurs sur les moulins à eau et les fourneaux des forges.

Marché de fabrication, 1750 Par devant le notaire royal…de Montréal y résident…fut présent les dits Charles Marroy, habitant demeurant l’Assomption…lequel a promis et promet de faire et livrer au port de cette dite ville au quinze d’août prochain de la présente année la quantité de trois mille cercles…dont deux mille de dix pieds et un millier de neuf pieds de long au Sieur Blaise LePage maître tonnelier demeurant en cette dite ville…et acceptant lesquels cercles il promet aussitôt qu’il les aura reçus en argent ayant cours en ce pays, à raison de trois livres dix sols le cent ce qui fait trente cinq livres pour chaque millier…Greffe de Gervais Hodiesme, 18 avril 1750. no.122.

Les domestiques sont majoritairement des femmes issues de familles rurales, nombreuses et défavorisées.  Les plus nombreuses sont les domestiques de métier, dont les services sont rémunérés.  Viennent ensuite les orphelines et les enfants illégitimes, placés dans les familles dès l’âge de quatre ou cinq ans, jusqu’à ce qu’ils soient en âge de subvenir à leurs besoins.  Il s’agit d’une forme d’assistance sociale encouragée par l’État.

Engagement d’une domestique de 4 ans, 1703.

Se trouvant réduit à une extrême pauvreté et père de quatre enfants en bas âge, René Favreau (veuf de Elisabeth Boissonneau), habitant de la seigneurie de Beaumont, engage sa fille, Marie Françoise, 4 ans, pour son avancement, en qualité de servante à Antoine Fortier, maître de barque de la paroisse de Saint-Laurent, Ile d’Orléans.  Le sieur Fortier s’engage à la traiter humainement, à la nourrir, à la loger et blanchir, à l’instruire, et à lui fournir toutes les choses nécessaires à son salut.  Il s’engage aussi à lui payer des gages, soit une somme de 150 livres qui lui sera versée le jour de son mariage si elle a vingt ans accomplis.  S’il advenait qu’elle prenne époux à l’âge de 17 ans, elle recevrait alors une somme moindre, établie à 75 livres, et à 18 ou 19 ans, une somme fixée à 120 livres. Greffe de Louis Chamballon, le 9 octobre 1703.

Noir d’Afrique ou Amérindien, l’esclave en Nouvelle-France travaille surtout comme domestique.  En Acadie, à Louisbourg ou au Canada, il vit généralement chez son propriétaire et a accès aux services juridiques, médicaux et religieux.  L’esclave de la Louisiane connaît des conditions de vie plus contrastées : plusieurs peinent dans les plantations de tabac et d’indigo, mais bon nombre apprennent un métier.

Dans tous les cas, il demeure un bien que l’on acquiert et il aliène toujours sa liberté.

Vente d’un esclave, 1724.Jean Gauthier, dit Landreville, habitant demeurant à l’Ile Ste Thérèse, vend à Louis Hector Piot de Langloiserie, seigneur de l’Ile Ste Thérèse, un Panis nommé Jacques Nichououe,  17 ans, qui l’a quitté depuis six mis mais qu’il promet s’oblige de rechercher.  La vente est consentie pour une somme de 200 livres.  Jean Gauthier devait, par ailleurs, pareille somme au seigneur Piot dont il serait finalement quitte s’il retrouve, bien entendu, Jacques Nichououe.  L’Acte est fait et passé à Ville-Marie en présence de Joseph Gamelin et Joseph Philippeaux qui ont signé avec le seigneur Langloiserie et Jean Gauthier. Greffe de Jacques David, Montréal, le 16 mai 1724, no.879.

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