Conscription
Jeanne Archambault (I-6710) et Pierre Alfred Deguire (I-5304) se sont connus en mars 1940. Depuis cette partie de sucre “mémorable” pour le couple, Pierrot se transporte à St-Vincent de Paul tous les dimanches à bord du véhicule paternel. Force majeure, c’est le seul congé hebdomadaire dont il dispose. La seconde guerre mondiale a débuté en 1939 et le gouvernement canadien, en dépit de son engagement électoral de ne pas imposer de conscription, fait volte face au début de 1940. On fait un référendum à travers le Canada pour autoriser le gouvernement à être relevé de sa promesse.
Les Canadiens se prononcent favorablement à 75% mais au Québec c’est le contraire, 75% des québécois s’y opposent. Démocratie oblige, les canadiens participeront à la guerre, sauf que le gouvernement s’engage à ce qu’uniquement les volontaires passent outre-mer; les autres seront affectés, en terre canadienne, à la préparation et à la fourniture du matériel de guerre. Mais pouvait-on désormais faire confiance aux engagements gouvernementaux??? On appelle donc sous les drapeaux d’abord les célibataires mâles et Pierre Alfred en est un.
Course au mariage
C’est alors que survient au Québec ce que l’on a baptisé “la course au mariage”. Les célibataires multiplient les démarches pour trouver épouse en toute hâte, échappant ainsi à l’enrôlement. On a même vu une cérémonie de mariage qui s’est tenue au stade DeLorimier, stade de baseball où évoluaient les défunts Royaux de Montréal de la ligue américaine, cérémonie au cours de laquelle des centaines de couples de montréalais se sont mariés simultanément pour échapper à l’appel de l’armée. C’est dans ce contexte que Pierre Alfred Deguire et Jeanne Archambault, après seulement quelques mois de fréquentation, décidèrent de s’épouser en septembre 1940. Durant cette période, des mariages étaient célébrés tous les jours de la semaine et même en soirée tant la demande était forte.
Rapide retour à la vie quotidienne
Ils s’épousèrent donc un soir de semaine et Pierre du quitter, au beau milieu de la réception qui suivit le mariage pour aller travailler car il lui fallait se rendre à ville St-Laurent pour aller charger sa cargaison de lait et de glace et assurer la livraison du précieux liquide car les poupons ne prennent pas congé de la tétée même si leur laitier se marie…. Pour un temps, le couple demeure chez les beaux-parents à la campagne puisque le mariage ayant eut lieu précipitamment, pas question donc pour la mariée de se constituer un trousseau avant le mariage, ni pour le couple de procéder à l’achat de mobilier et d’emménager dans un nouveau logis; les événements se sont précipités à la vitesse de l’éclair. (Il ne faut pas perdre de vue qu’ils ne se sont fréquentés que six mois.) Le mariage d’abord….on réglera le reste par la suite.
Auteur : Gilles Deguire , extrait de « Mon histoire »