1662 – 1740
Pierre est fils du laboureur Jean Jamme et de Marie-Charlotte Husse, de Lantheuil, diocèse de Bayeux en Normandie.
Pierre s’embarqua à La Rochelle, le 26 avril 1687, vraisemblablement sur l’Arc-en-Ciel et il est arrivé à Québec le soir de la Fête Dieu, le 29 mai 1687 avec sa compagnie commandée par le capitaine M. de Creusel qui sera d’ailleurs témoin à son mariage quelques années plus tard.
En effet, notre ancêtre faisait parti du détachement des Troupes de la Marine qui fut assigné à la garnison du Fort de la Présentation à La Chine. Or comme ces troupes arrivaient au moment où le gros des forces de la colonie, sous Denonville, quittait Montréal vers le pays des Cinq Nations iroquoises et qu’il était coutume de cantonner les jeunes soldats chez les habitants, notre aïeul fut sans doute envoyé chez Pierre Barbary, lui-même ex-soldat du régiment de Contrecoeur, arrivé à Québec le 17 août 1665 et marié depuis le 24 février 1668 à Marie Le Brun.
A l’automne suivant, il demande à son hôte la main de sa future et l’autorisation de se marier. Il passe un contrat de mariage le 24 octobre 1688 pardevant le notaire royal Jean-Baptiste Pottier et se marie, à l’église des Saints-Anges de Lachine, le 29 février 1689.
La brève durée de son service militaire, lui qui s’était engagé pour faire une carrière militaire, lui value donc le surnom de carrière. En effet, dans son contrat de mariage, on le désigne par le nom de Pierre Jamme dit La Carrière et par la suite, lui et ses descendants conserveront longtemps le nom de Jamme dit Carrière.
Avec les années et parce qu’on écrivait au son, bien que notre ancêtre savait très bien écrire, on peut lire dans les différents actes : Jamme, Jame, Jam, Jammes, James, Jeammes et même Gemme (à Saint-Benoît). Quant au suffixe, il passe de dit La Carrière à dit Carrière et même à dit Carrières ou dit Carière pour en venir avec les années à Carrière ou Carrières. On verra très peu d’appellation Carière ou même Carrier.
Mais pour en revenir à notre ancêtre, précisons que Marie-Madeleine Barbary, l’épouse de notre aïeul a survécu au massacre de La Chine, mais qu’elle fut amenée captive et à son retour de captivité, évalué au 8 septembre 1700, elle s’établit avec son époux dans la petite maison de ses parents située à Pointe-Claire.
On peut sans doute conclure que notre aïeul continua de servir après son mariage puisqu’il ne fut pas pris ni tué par les Iroquois lors du massacre de Lachine. Mais est-ce qu’il participa à quelques campagnes après la capture de son épouse ou s’occupa-t-il de ses affaires ? Il semble bien que si on puisse répondre oui à la première question, on peut également penser qu’il continuera du moins jusqu’au retour de sa femme à servir comme soldat de la première armée permanente de la colonie. Chose certaine, ce n’est qu’au début de 1699 qu’il voit aux affaires de la succession de sa belle-famille. Venait-il d’apprendre que son épouse et son beau-frère allaient revenir de chez les Iroquois ? On ne le saura probablement jamais.
Je n’ai pas trouvé l’acte de sépulture de Marie-Madeleine, mais dans celui de Pierre, on lit qu’il était fort âgé et infirme, on lui donne soixante-dix-huit ans environ et sa descendance n’a été assurée que par Jean-Baptiste et Thomas.
Source: Claude Carrière, pour l’Association des Familles Carrière